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Affichage des articles du septembre, 2017

Le château de verre

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Jeannette Walls, chroniqueuse mondaine, a réussi mais personne ne peut imaginer son enfance. Élevée par un père charismatique, inventeur loufoque qui promet à ses enfants de leur construire un château de verre mais reste hanté par ses démons, et une mère artiste fantasque et irresponsable, elle a dû prendre en charge ses frères et sœurs. C'est l'histoire triste d'une femme qui a vu son père gâcher ses talents et son intelligence tout en rendant la vie de sa famille à la fois compliquée et fantastique. Woody Harrelson a la folie nécessaire pour camper cet homme meurtri décidé à vivre sa vie comme il l'entend, sans entrave. Naomi Watts, plus effacée, joue avec nuances une peintre à peine moins barrée. Brie Larson et ses mini elles sont épatantes. Le film réussit à toucher par sa fine peinture d'une famille dysfonctionnelle attachante. Adapté d'une autobiographie, c'est une déclaration d'amour d'une fille à son père, même cruel, même menteur, m

L'un dans l'autre

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Pénélope et Pierre s'aiment. Mais Pierre est marié à Aimée et Pénélope s'apprête à épouser Eric. Après une nuit d’amour passionnée, le sort leur joue un tour : Pierre et Pénélope se réveillent chacun dans le corps de l’autre. C’est le début des complications...  Je m'attendais à un truc un peu vulgaire et bas de plafond mais il s'agit d'une comédie vraiment drôle qui manie les clichés homme/femme avec brio bien qu'elle n'ait aucune finesse. Louise Bourgoin et Stéphane de Groodt, le meilleur point fort du film, forment un couple attachant. PEF et Aure Atika complètent efficacement le quatuor. Les dialogues font mouche, tout comme les situations assez burlesques, même s'il était possible d'aller plus loin dans le second degré. Rythmé et prévisible, le film est plaisant et met de bonne humeur.  7/10

Ôtez-moi d'un doute

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Erwan, démineur breton, perd pied lorsqu’il apprend que son père n’est pas son père. Il retrouve son géniteur : Joseph, pour qui il se prend d’affection. Il croise en chemin l’insaisissable Anna, qu’il entreprend de séduire, mais réalise qu’elle n’est rien de moins que sa demi-sœur. Je ne comptais pas voir ce film mais, question de créneau horaire, c'était celui qui convenait le mieux. La surprise fut plutôt bonne quoique pas extraordinaire. Le film évoque avec sensibilité la filiation, le lien biologique, le lien affectif et celui que l'on choisit. Il compte beaucoup sur la présence forte de ses deux acteurs principaux. François Damiens impose sa force tranquille, sa présence poétique et charmante (Dieu seul sait comment avec une dégaine pareille). Cécile de France fait du Cécile de France : femme de tête un peu gouailleuse qui balance des répliques marrantes. Le personnage de Didier est une espèce de running gag un rien agaçant à lui tout seul. Je n'ai jamais v

Barry Seal

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L'histoire vraie de Barry Seal, un pilote recruté de manière inattendue par la CIA afin de mener à bien l'une des plus grosses opérations secrètes de l'histoire des Etats-Unis. Doug Liman propose un film plutôt marrant au rythme enlevé sur un opportuniste qui n'aime que deux choses : sa famille et l'argent. Tom Cruise, insolent et toujours survolté, s'offre un rôle sympathique dans lequel il semble bien s'amuser. La face cachée de l'intervention de la CIA en Amérique latine est montrée sur une réalisation clipesque qui ne se prend pas au sérieux. Quelques belles séquences d'aviation. C'est malin mais prévisible, divertissant mais sans conséquence. Tout cela manque de consistance. Ludique. 6/10

Mother !

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Un couple voit sa relation remise en question par l'arrivée d'invités imprévus, perturbant leur tranquillité. Je crois qu'il existe de bonnes chances pour ce film détienne la palme du film le plus bizarre de l'année. On n'y comprend rien jusqu'à la toute fin et là encore, même si l'idée générale est saisie, des ombres demeurent. Un deuxième visionnage pourrait permettre de les explorer mais je n'ai aucune envie de m'infliger cela. Le petit dernier d'Aronofsky, qui développe une ambiance angoissante réussie, se déroule dans un huis clos de plus en plus peuplé et de plus en plus étrange. Il se peut que ce soit une revisite hallucinée de la genèse tant du monde que de la création. Il n'est pas vraiment ennuyeux mais comme on ne comprend rien à ce qui se passe, il finit par être agaçant, d'autant que l'étrange vire au grand n'importe quoi dans une apothéose grotesque. Les personnages sont vides, d'une insignifiance trou

Mary

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Frank Adler se bat pour conserver la garde de sa nièce, Mary, qui témoigne d'un don hors du commun pour les mathématiques.  Ici, nous avons un film gentiment guimauve et un peu lisse qui a toutefois le mérite de poser des questions intéressantes : doit-on utiliser la totalité de son talent pour être heureux ? peut-on être malheureux en vivant de sa passion ? doit-on faire primer ses talents intellectuels au détriment du reste de sa vie ? Sur une B.O sympathique, on suit l'évolution de ce presque père attachant et d'une intelligence très fine, campé par le séduisant Chris Evans, et de l'adorable Mary, gamine extravertie, brillante et drôle, interprétée par McKenna Grace, trop chou. Les deux sont très complices. Lindsay Duncan et Octavia Spencer complètent efficacement ce casting réussi. Bon, il y a aussi le chat, Fred, aussi mignon que la petite. Webb n'évite pas les deux ou trois inévitables scènes attendrissantes ou tristes mais s'en tire bien grâce à un b

La pelouse camomille de Mary Wesley

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J'ai lu ce roman une première fois à la fin du lycée ou au tout début de mes études. Par la suite, j'ai lu trois autres œuvres de cet auteur. Après une première tentative de relecture ratée il y a quelques années, je viens de finir une relecture réussie. Comme chaque été, les cinq neveux de Richard et d'Helena se retrouvent dans la maison de Cornouailles. C'est le temps béni des jeux, des baignades, des après-midi paresseux sur la pelouse de camomille, sans autre souci que ces tourments de l'amour. La petite Sophy donnerait sa vie pour Oliver qui, lui, est fou de Calypso, si belle et si lointaine. Elle a juré d'épouser un homme riche. Mais nous sommes en août 1939. La guerre est sur le point d'éclater, qui mettra fin à l'enfance. Une atmosphère d'angoisse et d'euphorie paradoxale s'installe, qui portera les relations à un degré d'intensité exceptionnel.   Mary Wesley, CBE, nom de plume de Mary Aline Mynors Farmar (1912 - 20

Chéri

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Retour sur avril 2009 et un petit Stephen Frears. Petit mais d'une belle élégance.    Paris, la Belle Epoque. Léa de Lonval finit une carrière heureuse de courtisane aisée. Son ancienne rivale et toujours perfide Mme. Peloux aimerait qu'elle s'occupe de son fils, Fred, surnommé Chéri, élégant désabusé et déjà usé à 19 ans. La demi-mondaine vieillissante et le jeune dandy débutent alors une liaison.  Le film doit beaucoup au roman de Colette dont est tiré, même s'il le développe et en modifie légèrement la fin. Michelle Pfeiffer est excellente, lumineuse, drôle, sensuelle, toute en douceur, encore pas mal (même si elle aurait dû éviter la chirurgie esthétique). Elle joue à la perfection la femme qui voit sa beauté s'effacer et son temps se finir. Rupert Friend, séduisant malgré une coupe peu avantageuse, a le physique romantique qui sied à son rôle de jeune cynique qu'il incarne bien. Kathy Bates est extraordinaire, truculente, peau de vache à souhait. S

Seven sisters

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Parce que la Terre est surpeuplée, une sévère politique d’enfant unique a été instaurée. Terrence Settman décide de garder secrète l’existence de ses sept petites-filles. Confinées dans leur appartement, elles partagent chacune leur tour une identité unique à l’extérieur : Karen Settman. Leur système bien huilé s’effondre le jour où Lundi disparaît… What happened to Monday ? en vraie V.O. Ah ! cette manie du titre en anglais mais différent de l'original... A l'heure des smartphones, c'est vraiment ridicule. La première réussite du film est sans doute de parvenir à dédoubler Noomi Rapace en sept individualités distinctes sans que les effets spéciaux soient visibles. Celle-ci offre une prestation assez exceptionnelle et souvent émouvante. Pourquoi l'avoir rajeunie à trente ans ? Deux ou trois ans c'est crédible mais six au moment du tournage, ça commence à se voir. Par ailleurs, une caractérisation un peu plus nuancée de ces femmes auraient servi le film. Wil

Wind river

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Cory Lambert, pisteur dans la réserve indienne de Wind River, perdue dans l’immensité sauvage du Wyoming, découvre le corps d’une femme. Le FBI envoie une jeune qu'il va aider à mener l’enquête dans ce milieu hostile, ravagé par la violence et l’isolement.                           J'ai détesté Sicario, j'ai adoré Comancheria. Ce 3ème volet de la trilogie Nouvelle frontière américaine devait donc départager mon avis sur Taylor Sheridan, scénariste des premiers, scénariste et réalisateur du troisème. Eh bien je lui trouve beaucoup de talent ! Wind river est un grand film à l'atmosphère aussi soignée que la photographie, sans parler de l'excellente B.O. Western glacé, thriller prenant, le film bénéficie d'un scénario simple mais terriblement efficace. La communauté amérindienne y est décrite en filigrane, avec une certaine délicatesse. Rien n'est tape à l'œil, tout est maîtrisé, y compris une très belle scène d'act